Antonio Mafra – 1 avril 2020
Le rosé la nouvelle star du bio
Preuve qu’il a perdu son image de vin estival, le rosé monte en puissance, en gamme et en bio. Un phénomène français !
Alors que la consommation de vin stagne, celle des rosées progresse. Champion toute catégorie, avec 35% de la consommation et 28% de la production mondiale, la France est même obligée d’en importer pour satisfaire la demande. Entre 2002 et 2015, sa consommation a progressé de 45%. S’il avait un caractère purement estival, aujourd’hui on en boit toute l’année. Cette tendance ne concerne pas qu’une clientèle jeune ou féminine. Le rosé figure en bonne place dans les cartes de vins des meilleurs restaurant où il accompagne poisons et viandes blanches. Comment expliquer le succès de ce vin fragile, qui nécessite un matériel coûteux et un vrai savoir-faire ?
D’abord par la montée en gamme d’un vin que beaucoup pensent encore être un mélange de rouge et de blanc. Les vignerons ont appris à surveiller les thermomètres et les couleurs comme le lait sur le feu. Aujourd’hui, ils maîtrisent les techniques pour proposer aux consommateurs des vins de bonne tenue dont certains peuvent tenir la dragée haute à de grands blancs ou rouges.
L’autre principale raison tiens à sa visibilité. Perçu comme moins agressif que le rouge, le rosé renvoie l’image d’une boisson de l’instant, plaisante et conviviale, rafraîchissante et moins alcoolisée, même si dans la réalité ce n’est pas le cas. La montée en gamme se traduit aussi , dans certaines appellations, par des prix en hausse, comme en Provence. Dans cette région, où 90% des vins produits sont des rosés, les tarifs ont progressé de plus de 50% ces dix dernières années. Ce territoire, qui héberge les seuls domaines et châteaux qui détiennent l’appellation « Cru Classé » pour un rosé, et aussi celui qui affiche les flacons les plus chers du marché.
Preuve supplémentaire de sa « banalisation », l’engouement pour les bio. Les bio rosés français représentent un tiers des vents, derrière les vins rouges (50%), mais devant les blancs. Et la tendance devrait encore s’accentuer, même si les vins rosés bio se vendent en moyenne 33% de plus que les non bio. Mais, produire des rosées bio a ses exigences pour les vins sans les sulfites qui permettent de maintenir sa couleur et sa structure. Surtout pour les vins de garde qui commencent à s’installer sur le paysage. En dépit de ces considérations, ne tomber pas dans le panneau de prix anormalement élevés. Avant on « faisait » du rosé, aujourd’hui les vignerons vinifient du rosé. (…) Nous ne sommes pas à l’abri de bonnes surprises.
Les rosés se dégustent en bio
De couleur plus ou moins claire, voire presque blancs, de pressée ou de saignée, le plus souvent disponibles en grande surface, il y a toujours un rosé à son palais. Petite sélection en bio, biodynamie et nature.
Les rosés valeurs sûres
Pétale de Rose Château la Tour de l’Evêque, côtes de provence (Var)
Ce domaine de la région de Hyères propose un assemblage couleur pastel de huit cépages, majoritairement cinsault et grenache, qui s’exprime au nez sur des arômes élégants de fraise écrasée, de fleurs, de pain brioché, et en bouche sur des notes de clémentine et de citron.