Rosés de Provence : ses terroirs de prédilection
On a beau dire, on a beau faire, la Provence reste la région emblématique dès qu’il est question de rosé. Mais y a-t-il des terroirs meilleurs que d’autres ? Le millésime 2020 permet d’ébaucher une hiérarchie.
Une dégustation de Karine Valentin
Il est plébiscité dans toute l’Europe depuis dix ans. il a séduit les femmes, les jeunes, il a même conquis les plages et les piscines de luxe de la Floride. Mais où se situe aujourd’hui le rosé de Provence ? Existe-t-il un style propre à chaque appellation provençale ou bien reste-t-on sur l’image d’un vin hautement standardisé ? Ces questions sont légitimes et certaines réponses nous sont apportées en dégustant ce millésime 2020 qui arrive sur nos tables. Il est vrai que la consommation de vin rosé continue à progresser. Il est devenu le vin de plaisir de l’été, débordant allègrement sur les autres saisons, et ce sans aucun complexe.
À cela s’ajoute une formidable évolution dans les modes de production et de nombreux investissements dans les caves, si bien que le rosé provençal que l’on trouvait à 3 euros dans les rayons de la grande distribution n’a plus rien à voir avec le rosé chic et statufiant à 25 dollars qui séduit aux États-Unis. Les beaux atours du millésime 2020 laissent entrevoir, chez certains vignerons, comme une volonté de mieux affirmer l’identité de leur terroir. Pour autant, existe-t-il de véritables terroirs à rosé ? «Il semble qu’il existe de grands terroirs à blanc et de grands terroirs à rouge. Et le rosé? Il se plaît dans les deux. Après avoir beaucoup étudié la question, nous croyons plus à la patte du vigneron pour mettre en valeur son rosé qu’à celle de la zone géographique. Le terroir correspond à la vigne, au sol, au climat, mais surtout à l’homme qui fait le vin, à sa vinification et au cépage. En Provence, notre savoir-faire, c’est d’abord l’assemblage des cépages », souligne Brice Amato, du Conseil interprofessionnel des vins de Provence.
Où trouve-t-on les plus belles expressions de rosés ? À Bandol où il reste pourtant considéré comme le second vin après le rouge, le rosé représente aujourd’hui 74 % des volumes. L’appellation a rendu obligatoire l’assemblage de 20 % de mourvèdre au minimum. Mais il faut garder en tête que les meilleurs vins sont constitués de plus de la moitié de mourvèdre qui, associé au terroir bandolais, peut prétendre incarner le Grand cru rosé de la Provence. Sur le territoire des Côtes de Provence, des Coteaux varois et des Coteaux d Aix-en-Provence, on passe la barre des 90 % de rosés. Les vins sont la plupart du temps de couleur très pâle, issus majoritairement de grenache, syrah, cinsault, souvent associé à un cépage blanc (rolle, clairette…). Sur les autres territoires de la Provence, le rosé est moins bien représenté. Du côté des Baux, le rouge demeure dominant ; à Cassis, le terroir à l’abri du Cap Canaille est essentiellement blanc ; à Palette, il se réduit à peau de chagrin ; à Bellet, les vins rouges sont issus d’un raisin formidable, le braquet. Verdict de cette dégustation : en fonction des secteurs, le profil des vins diffère, surtout dans ce somptueux millésime 2020 à la couleur encore très pâle, aux reflets argent.
Conditions de dégustation
320 rosés, du millésime 2020 principalement, issus des appellations Baux-de-Provence, Coteaux d’Aix-en-Provence, Cassis, Palette, Bandol, Coteaux varois en Provence et Côtes de Provence ont été dégustés à l’aveugle par Karine Valentin dans les syndicats du 8 au 10 mars 2021.
Côtes de Provence
Les rosés régionaux ou issus de zones délimitées comme la Sainte-Victoire, Pierrefeu, Notre-Dame des Anges, Fréjus ou La Londe composent 90 % des volumes produits par la région.
92/100
CHATEAU LA TOUR DE L’ÉVÊQUE Pétale de Rose 2020
Nez sur les fleurs et la garrigue, belle et bonne concentration : le rosé de Régine Sumeire joue toujours cette musique délicate au phrasé haut perché, issu d’un pressurage atypique. Un style parfaitement maîtrisé pour la référence du rosé.
16,50 € // Bouteilles/an : 213 000